LES MAMELOUKS

Vous vous questionnez sur le rôle des mamelouks dans l’histoire ? Vous souhaitez comprendre l’origine de ces chevaliers d’Égypte ayant protégé leur nation durant des siècles ? Ou encore, vous voulez percer les mystères de cet ordre de cavalier ayant traversé les âges ?

Nous allons répondre à ces interrogations au fur et à mesure que nous retracerons leur fabuleuse histoire.

Les mamelouks sont une cavalerie d’élite des califats et des sultanats égyptiens. Ces guerriers se définissent par leur loyauté, leur persévérance et leur maitrise du combat. Ils représentent la voie du guerrier par excellence et représentent un peu l’équivalent de la chevalerie lourde des anciens Européens.

Dans cet article, nous aborderons :

  • Les origines des mamelouks
  • L’histoire de la dynastie mamelouke pendant les différentes croisades
  • Le combat des mamelouks contre Napoléon en 1798

Après votre lecture, les origines, histoires et prouesses de ces guerriers habiles n’auront plus aucun secret pour vous !

Plus une minute à perdre, commençons !

1) Les origines des mamelouks

Tout d’abord, il convient d’expliquer ce qu’est un mamelouk, et pour cela, rien ne vaut un peu d’étymologie. Le mot « mamelouk » signifie « esclave » « possédé par un autre ». Les mamelouks sont des anciens soldats esclaves turcs et chrétiens coptes convertis à l’Islam (la minorité chrétienne du Proche-Orient).

Penchons-nous d’abord sur les origines de ces cavaliers au service des musulmans.

A) L’avènement de la chevalerie musulmane

Les mamelouks sont apparus pour la première fois dans le califat abbasside vers le IXème siècle. Ce califat gigantesque allait du nord de l’Algérie à la frontière avec l’Inde !

Les mamelouks étaient généralement des garçons d'environ 13 à 14 ans qui étaient capturés dans des régions du nord de l'Empire perse (Liban et Turquie). Ils étaient ensuite embrigadés, convertis à l’Islam et entraînés pour devenir une force d'élite dirigé par le sultan (le chef du califat) ou ses proches.

En principe (mais pas toujours en pratique), un mamelouk était un esclave affranchi et ne pouvait donc pas transmettre ses propriétés et son titre de mamelouk à son fils. En effet, rappelons-le, les mamelouks ne sont pas des musulmans d’origine.

Ainsi, leurs fils n'avaient en théorie pas la possibilité de servir dans les régiments mamelouks (puisqu’ils étaient eux des musulmans d’origine). Cette règle imposait un constant réapprovisionnement par des sources extérieures des forces mameloukes.

Les guerriers MamelouksLa vie d'un mamelouk ne le préparait à rien d'autre qu'à la guerre et à la loyauté envers son seigneur.

Chez eux, une importance particulière était accordée au « Furūsiyya » une doctrine appelant à l’excellence dans trois matières :

- L'Ulum (la science des compétences de cavalerie et de combat)

- Le Funun (l’art des compétences de cavalerie et de combat)

- L'Adab (la littérature des compétences de cavalerie et de combat)

Le Furūsiyya n'était pas différent du code de la chevalerie des chrétiens. En plus des compétences de cavalerie, celui-ci comprenait un code d’honneur embrassant de grandes vertus telles que les suivantes :

- Des vertus cardinales : le courage, la bravoure, la magnanimité et la générosité.

- Des capacités militaires : les tactiques de cavalerie, d'équitation, de tir à l'arc monté, d’entretien des armures, de formation des armées, d'utilisation du feu et d’utilisation d’écrans de fumée.

- Des compétences pratiques : le traitement des blessures et les soins des chevaux de guerre.

Bague pharaon Napoléon

B) La montée en puissance des mamelouks

Les mamelouks sont rapidement devenus des biens très précieux par leurs grandes qualités militaires. Envoyés en tant qu’unités de maintien de l’ordre et de la paix, ils étaient fréquemment utilisés comme monnaie d’échange entre les gouverneurs et seigneurs des diverses provinces abbassides et des autres états islamiques du Maroc, d’Espagne et du Soudan.

Dès le IXème siècle après J.-C., la société islamique a pris la forme d'une pyramide féodale (soit en même temps que la société chrétienne médiévale). Le sultan était au sommet de cette pyramide et recevait l’allégeance des grands seigneurs, eux-mêmes recevant celles des petits seigneurs à la base de la pyramide féodale.

Ainsi, les petits seigneurs répondaient autant aux ordres du sultan qu’à ceux des grands seigneurs, ce qui créait parfois de grandes instabilités lors de nombreuses tentatives de renversement du sultan par les grands seigneurs (voir schéma ci-dessous).

Pour atténuer ce problème structurel, les mamelouks étaient des exceptions dans ce système puisque qu’enlevés à leur famille dans leur jeunesse et sans lien de parenté dans leur nouvelle patrie, ils ne répondaient qu’aux ordres du sultan. Les mamelouks étaient donc la garantie de la protection du sultan.

Sultan vassalité féodaleAinsi, les mamelouks deviennent plus que de simples gardes du corps ou soldats, ils deviennent des éléments indispensables à la survie du califat abbaside. Ils prennent part à de nombreux conflits entre les dynasties tentant de contrôler le califat abbaside.

Au IXème siècle, initialement uniquement équipés de tuniques, de bouclier en bois, de sabres courts et d’arcs, on peut observer la puissance acquise par les mamelouks par l’évolution de leurs équipements.

En effet, dès le XIIIème siècle, ils sont dotés d’armures lamellaires (les équivalents des très couteuses côtes de maille en Europe), de sabres longs à double tranchant, de boucliers métalliques et de lances ornées des petits étendards portant les couleurs de leurs maitres.

La richesse de l'ordre mamelouk s'accroit. Les chefs mamelouks possèdent alors des places fortes, des terres et des fortunes personnelles (notamment sous forme d'or, d'armes d'apparat et de bijoux comme par exemple des bagues islamiques luxueuses).

2) La dynastie guerrière des mamelouks

Les mamelouks sont donc rapidement devenus le fer de lance de l’armée musulmane. Les nombreuses guerres intestines et l’installation de chrétiens en Orient (à la suite de la prise de Jérusalem lors de la première croisade) ne font qu’agrandir leur rôle dans la société égyptienne.

Ils combattent contre les croisées durant près de 100 ans, jusqu’à ce qu’advienne ce qui est pour eux la récompense ultime : au côté de Saladin, ils reprennent Jérusalem en 1187. Devant la puissance grandissante de leur ordre, de nombreux mamelouks songent à s’affranchir des sultans et à prendre leur indépendance.

A) La prise de pouvoir des mamelouks

L'occasion pour les mamelouks de renverser leurs maîtres s'est présentée à la fin de l’année 1240. À cette époque, la dynastie kurde ayyoubide créée par Saladin en 1170 a progressivement remplacé la dynastie abbaside (sous laquelle avait été créé l’ordre de mamelouks).

Les descendants de Saladin avaient négocié un traité de paix avec les États européens croisés présents en terre sainte. L’heure n’était donc plus à la guerre ouverte mais plutôt aux escarmouches résultantes de disputes interpersonnelles entre musulmans et chrétiens.

Mais un évènement va changer la donne : la profanation par des extrémistes musulmans de certaines tombes de rois européens enterrés à Jérusalem. Le roi Louis IX (ou saint Louis) appelle à la 7ème croisade afin de punir cet acte jugé infâme. Fin stratège, il sait que tenter de reprendre directement Jérusalem serait vain et impossible.

Louis IX décide donc de commencer sa croisade par la conquête de l’Égypte. Ainsi, les riches et fertiles terres d’Égypte seraient rapidement sous son contrôle coupant de la sorte une artère économique essentielle du califat ayyoubide.

Carte de la septième croisade (1248-1251)Carte de la septième croisade (1248-1251)Louis débarque et prend Damiette dans le delta du Nil en juin 1249 avec une armée forte d'environ 20 000 hommes. Hasard ou complot, le sultan ayyoubide as-Salih meurt mystérieusement. Les forces musulmanes sont donc désorganisées par des guerres de successions.

Les deux armées de forces égales se font finalement face à Mansourah (situé juste en dessous de Damiette). D’un côté, se trouvent les armées chrétiennes composées de chevalier français, de chevaliers hospitaliers et de templiers. De l’autre, se trouve l’armée régulière égyptienne ainsi que la cavalerie mamelouke.

La chevalerie lourde française charge et met en déroute les Égyptiens. L’armée régulière égyptienne est massacrée. Néanmoins, les mamelouks guidés par leur général Aybeg renversent la vapeur et contre toute attente mettent en déroute la coalition des Français, des templiers et des hospitaliers.

Les mamelouks sont accueillis en héros au Caire. Aybeg épouse la veuve du sultan précédent et fonde un nouveau califat : le califat mamelouk.

La prise de DamietteGrâce à une combinaison d’éléments peu probables, les mamelouks se rendent maître de l’Orient. Ce sont eux qui vainquent la coalition réunie par Saint Louis et que rien ne semblait pouvoir arrêter après la prise de Damiette.

B) L’apogée des mamelouks

En 1260, la grandeur des mamelouks va être installée durablement par leur général Baybars. C’est ce dernier qui va combattre le nouvel ennemi menaçant les portes du sultanat : les Mongols. Devant un ennemi aussi fort en nombre, des tensions politiques naissent et des assassinats et conflits surviennent entre partisans de la lutte contre les Mongols et partisan d’une reddition rapide.

Baybars va alors sortir du lot et réussir à battre les hordes mongoles lors d’une bataille en Syrie. Il réussit à détruire presque entièrement l’armée mongole en intégrant d’autres unités de combat aux mamelouks et grâce à l’utilisation du feu grégeois (du feu brûlant même au contact de l’eau).

Les chevaliers hospitaliersLes principaux opposants chrétiens des mamelouks, les chevaliers hospitaliers, n’ont que très peu à voir avec ce que nous appelons « hôpital » de nos jours. Les chevaliers-hospitaliers sont des moines-soldats surentrainés au même titre que les templiers.

Débute alors l’âge des grandes conquêtes des mamelouks menées par un Baybars victorieux. Baybars va reprendre de nombreuses terres aux colons chrétiens arrivés pendant les croisades :

En 1263, Baybars s'empare de toute la région de Nazareth ainsi que de la ville d’Acre.

- En 1265, il s'empare de Césarée et de Haïfa. Il prend ensuite la ville fortifiée d'Arsuf aux chevaliers hospitaliers et quelques mois plus tard la ville chrétienne d'Athlit.

- En 1266, la ville de Safed est prise aux templiers. Lors de cette prise, Baybars donne l’ordre de ne plus faire de prisonnier parmi les templiers et les chevaliers hospitaliers, les considérant comme des « incroyants inconvertibles ».

- En 1266, Qalawun, son principal lieutenant mena une armée en Arménie. Sis, la capitale de l’Arménie tombe en septembre 1266. Cette prise isola la ville croisée d'Antioche qui tomba quatre jours plus tard.

- En 1271, Baybars prit le Château Blanc et le Krak des Chevaliers respectivement aux templiers et aux chevaliers hospitaliers.

le Krak des Chevaliers des TempliersSur cette photo : le Krak des Chevaliers aux templiers de nos jours. Les chrétiens avaient montré que des forteresses aussi fortifiées pouvaient briser les insurrections musulmanes en palliant leur manque de forces en Orient par des places fortes capables de supporter plusieurs mois de siège (tout en offrant une base de frappe idéale dans la région). Après avoir conquis de nombreux châteaux chrétiens, les mamelouks suivirent la même politique de défense (ce qui a préservé leur supériorité pendant des siècles).

Après ces vastes conquêtes, la suprématie des mamelouks sur l’Orient continua jusqu'au XVIème siècle. Malheureusement, les forces mameloukes furent énormément affaiblies par de multiples vagues de la peste noire au cours de ce siècle.

En fin de compte, il n'a fallu que deux brèves batailles pour que le sultan ottoman Sélim Ier décime la dernière grande armée mamelouke au pied des pyramides de Gizeh en 1517.

Cette défaite peut être expliquée par l’utilisation d’armes à feu et d’armes d’artillerie par l’armée ottomane contre des mamelouks uniquement armés d’arcs, de lances et d’épées. Fidèles à leurs traditions d’archers et de cavaliers, l'histoire les avait rattrapés.

Les colliers égyptiens

3) Napoléon contre les mamelouks d’Égypte

Les mamelouks sont très connus pour le rôle qu’ils ont joué dans le maintien du califat abbasside et dans les croisades. Néanmoins, une succession de combats va graver à jamais les mamelouks dans la mémoire de l’Histoire : la campagne d’Égypte de Napoléon.

A) La bataille des pyramides

En 1789, les mamelouks dirigés par Mourad Bey vont rencontrer au cours de plusieurs affrontements les soldats du général français Napoléon Bonaparte. Le futur empereur de France entame la campagne militaire d’Égypte pour couper la route des Indes appartenant à la Grande-Bretagne (en guerre contre la France à cette époque).

Mourad Bey, allié des Britanniques va s’attaquer à l’armée française à deux reprises : lors de la bataille de Chebreiss et lors de la bataille des Pyramides.

Lors de ces deux batailles, les mamelouks de Mourad Bey vont être massacrés à cause de la stratégie de « carré d’infanterie » de Napoléon (voir image ci-dessous). Arrivé avec 10 000 cavaliers pour lutter contre les Français, Mourad Bey, s’enfuira dans le désert avec un peu moins de 2 000 de ses hommes. Du côté des Français, seulement 29 pertes seront à déplorer.

formation de « carré d’infanterie »La formation de « carré d’infanterie » est extrêmement efficace contre les charges de cavalerie. Devant une masse de soldats munis de baïllonettes, les chevaux des assaillants prennent peur et refusent de continuer la charge. L’infanterie peut alors faire feu pour tuer les chevaux et hommes adverses.

Après cette grande défaite, Mourad Bey et ses cavaliers restants harcèleront les Français dans le désert lors d’attaques surprises pendant environ un an. Napoléon proposera plus tard à Mourad Bey de se rallier à lui. Mourad Bey acceptera et restera fidèle à sa promesse d’alliance jusqu’en 1981 où il meurt de la peste bubonique.

B) La disparition des mamelouks

Après le retrait de Français, en 1811, les derniers chefs mamelouks s’opposent à l’ascension de Méhémet-Ali, un officier envoyé par l’empire Ottoman pour prendre le contrôle de l’Égypte. Les mamelouks ne voulaient pas qu’un Ottoman dirige l’Égypte, ils préparèrent donc l’assassinat de Méhémet-Ali.

Ce dernier fit mine de vouloir se réconcilier avec les mamelouks. Il invite donc les chefs mamelouks à la citadelle du Caire pour un grand festin. Au cours de ce festin, il fait cependant arrêter les dirigeants mamelouks avant de les faire torturer et de les assassiner. Ainsi s’achevait l’histoire des mamelouks.

Le vice-roi Méhémet AliMéhémet Ali, le responsable de la disparition du clan ayant régné pendant 600 ans sur l’Égypte. Il deviendra Vice-roi d’Égypte et entamera une grande modernisation de l’Égypte passant par des réformes sociales et la création de nombreuses écoles.

En souvenir des courageux et vaillants mamelouks !

Et voilà : vous savez absolument tout sur l’épopée des mamelouks. À ce stade, nous avons découvert ensemble :

  • L’histoire des premiers mamelouks
  • Le rôle des mamelouks pendant les croisades
  • Les raisons de la disparition de ces illustres combattants

Après cette merveilleuse lecture, nous vous proposons sur notre site de nombreux articles en lien avec l’Égypte antique et moyenâgeuse : nos colliers égyptiens, bracelets égyptiens, bagues égyptiennes, statues égyptiennes et tableaux égyptiens sont là pour vous !

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